Je suis née à Nice, où j’ai passé mon enfance et mon adolescence.

 Vers treize ans, une amie m’a emmenée au Théâtre de Nice,

le Centre dramatique National dirigé alors par Gabriel Monnet.

On y jouait ce jour-là,  Nuit de guerre dans le Palais du Prado 

de Rafael Alberti.

Je n’ai rien compris. Tellement rien que cela m’a fascinée, aimantée !

Je me suis abonnée aussi sec pour 10 francs à la saison du Théâtre de Nice.      J’allais TOUT voir.

C’était une époque novatrice, avec des spectacles d’avant-garde très surprenants pour l’adolescente que j’étais.

Un Woyzieck mémorable par le Bread and Puppet,

les mises en scène de Jean-Pierre Vincent,Vichy Fictions/Violence à Vichy,

et aussi bien sûr,  Les Molières  d’Antoine Vitez… 

Ils... ont déjà visité la maison voisine  de Gombrowicz dans une mise en scène d'Andrej Wajda avec Anne Alvaro, Denise Perron et Daniel Emilfork entre autres…

Et puis la claque des spectacles du Campagnol,

En rev’nant de l’expo de Jean-Claude Grumberg...et...

Le Bal !

Voilà, c’était exactement ça le théâtre que j’avais envie de faire !

Et puis il y avait aussi à la maison, Au théâtre ce soir, toujours savouré en famille, avec Jacqueline Maillan, Jean Le Poulain, Michel Roux, Pierre Mondy, Maria Pacôme….

Et des tonnes de films, vus surtout au Mercury de la Place Garibaldi :

Orange Mécanique, Barry Lindon, Cria cuervos,

El espiritu de la colmena, Le Casanova de Fellini, Les nouveaux monstres,

La cité des femmes, Parfum de femme,

All that jazz, (je l’ai vu 7 fois en un mois), Apocalypse now, Coming home, Deer hunter, Annie Hall…

J’ai commencé à prendre des cours de théâtre pendant l’année d’hypokhâgne au lycée Masséna, au  Théâtre de Nice / Centre Dramatique National,

     avec Julien Bertheau

Merveilleux professeur, témoin incomparable de ce métier d’acteur qu’il avait intensément pratiqué pendant des décennies au Français et sous la direction de grands réalisateurs, tels que Bunuel notamment, dont il était l’un des acteurs fétiches.

Puis après la khâgne, une année à Londres, durant laquelle j’ai enseigné le français dans un lycée, grâce à un poste de lectrice.

Une sorte d’année sabbatique, pendant laquelle j’ai eu le temps de décanter vraiment ce que je voulais faire. Jouer.

Je ne connaissais presque personne à Londres, j’allais au cinéma presque tous les jours, l’après-midi, après les cours.

J’ai vu cette année-là tant de films, (il y avait beaucoup de super ciné-club à Londres, comme le Scala par exemple)…

Des reprises de films américains des années 40 et 50 , Mildred Pierce,

Sunset Boulevard, The woman of the year, All about Eve, Women,

A city for conquest, Beyond the forest… et aussi, à l’Electric cinéma de Portobello, l’un des plus vieux cinémas de Londres, toute la filmographie de François Truffaut et de Bertrand Tavernier.

Ces séances ont été déterminantes pour moi et tout particulièrement, un film :

Une semaine de vacances de Bertrand Tavernier.

En regardant le film et le personnage de Nathalie Baye, (une jeune prof qui craque et se questionne sur sa vocation, sur sa vie et sèche le lycée pendant une semaine au cours de laquelle elle fait le point sur elle-même), je me suis dit que je ne voulais pas devenir prof plus tard, comme mes études semblaient m’y destiner, mais interpréter des personnages dans des univers cinématographiques comme celui là.

J’ai voulu devenir comédienne en rêvant de tourner un jour avec François Truffaut et Bertrand Tavernier.

(Avec François Truffaut, disparu peu après, la rencontre n’a pas été possible…Mais Bertrand Tavernier m’a  offert mes premiers pas devant une caméra quelques années plus tard. Dans L627. Puis à nouveau dans

Ca commence aujourd’hui. )

Paris !

 Tout en continuant des études littéraires à Paris IV pour rassurer ma famille inquiète de mon désir de devenir comédienne, j’ai fait un passage au Cours Florent, puis j’ai suivi la classe de Serge Erich et de François-Régis Marchasson à l’Atelier Jean-Louis Martin Barbaz.

C’est à cette époque que j’ai rencontré celui qui, le premier m’a donné ma chance au théâtre :

Jean-Claude Penchenat

Je suis allée voir Jean-Claude en lui disant que c’était ça, le théâtre que je voulais faire.

Après un stage en août 86, je suis « entrée » au Théâtre du Campagnol pour une aventure de troupe qui allait durer plus de dix ans.


On répète, on crée, on est en tournée, sans arrêt.

Pas de chomage ! Beaucoup de travail et de joie. Quelle chance !

Le tout premier spectacle auquel j'ai participé avec le Campagnol s'appelait Coïncidences, puis il y eut entre autres,

Le Chat Botté, de Ludwig Tieck adapté tout spécialement par Jean-Claude Grumberg où je jouais une  Princesse complètement déjantée... 

L’intégrale des pièces en un acte de Marivaux, dans lesquelles j'ai joué notamment Lisette dans L'épreuve et Cléanthis dans L'île des esclaves,

  puis, 1, Place Garibaldi, et le rôle magnifique d'Andrée dite Didi :

  Dans l'immédiat après-guerre, Didi, 12 ans, est une enfant à la forte personnalité qui partage sa passion du cinéma avec le jeune Jean-Claude,

11 ans (merveilleusement interprété par Arnault Lecarpentier).

Tous les rôles d'enfants dans la pièce étaitent incarnés par des adultes.

 Jean-Claude, Didi et leurs copains refaisaient dans la chambre des parents absents les films français ou hollywoodiens vus au cinéma.

Un hommage magistral au Septième Art et un spectacle inoubliable.

Une pièce autobiographique de Jean-Claude Penchenat que nous avons joué partout en France pour plus de deux cents représentations.

 Toujours avec le Campagnol, d'autres spectacles encore , 

 Médor et La croisière oubliée de Roger Vitrac,

Le voyage à Rome, Le jeu des 7 familles, A dimanche, 

  et enfin Peines d'amour perdues de Shakespeare…

Merveilleuse école dans la vraie vie du théâtre.


Le bonheur aussi de travailler dans cette troupe avec des acteurs chevronnés, si généreux avec nous « les petits nouveaux ».

Ils nous ont pris sous leur aile et ont partagé avec nous toute leur expérience.

Après plus de dix ans de cette vie intense de théâtre, et un bébé,

ma fille Anjely, j’ai eu envie de partir pour découvrir d’autres lieux,

d’autres aventures.

J’avais envie de tourner, et j’ai commencé à explorer les méandres de cet « autre » métier que je ne connaissais pas, relativement tard, grâce au soutien fidèle et à la confiance de Nathalie Chéron qui m’a ouvert généreusement sa porte.

Il y a eu d’autres metteurs en scène au théâtre, Anita Picchiarini,

pour Le bouc de R.W Fassbinder,

Didier Flamand et la reprise à Chaillot de Prends bien garde aux Zeppelins…


J’ai également toujours continué ma formation, auprès notamment de Philippe Adrien, Bob Mc Andrew, Olivier Py (une exploration sur Le soulier de satin, au CDN d’Orléans) , Gilles Cohen (une recherche sur Les Trois Soeurs)

Un spectacle est né, Tombés d’en bas , que j’ai écrit et imaginé  avec deux comédiens issus du Campagnol, Arnault Lecarpentier et Mathias Mlekuz.

Nous l’avons joué au Théâtre du Ranelagh pour 80 représentations.

Puis en 2003, un nouveau bébé, mon petit Raphaël.

J’ai alors continué mon chemin en tournant notamment avec Jean-Xavier de Lestrade, Denys Granier Deferre, Xabi Molia, Fred Garson, Anne Fontaine…

Depuis 4 ans je suis de plus en plus liée au dessin et à la peinture et je participe à un travail d'atelier avec le peintre et graveur Jean-Claude Gerodez.

Cette discipline est très importante pour moi car elle m'offre, en silence, une exploration et une recherche très complémentaires à mon parcours de comédienne.

Je fais figurer sur le blog deux albums à consulter qui sont un reflet des évolutions de mon travail dans ce domaine.

A suivre.........